Le Premier ministre du Cameroun a signé, le 21 mars 2023, un décret revalorisant le SMIG. Face au désaccord qui a émaillé les discussions entre l’État et les organisations syndicales et patronales, le décret de Joseph Dion Ngute instaure pour la première fois trois SMIG distincts selon les secteurs d’activité.
Le Smig pour les agents de l’État relevant du Code du travail (CT) passe de 36 270 à 41 875 FCFA (63,84 euros). Ce montant unique, déjà proposé par l’État aux syndicalistes pour tous les travailleurs, lors des négociations de janvier 2023, comme mesure d’accompagnement, visait à réduire l’impact de la hausse des prix des carburants sur le pouvoir d’achat. Cette proposition, alors refusée par les syndicats, est finalement retenue uniquement pour les agents publics relevant du CT.
Les employés du secteur agricole et assimilés, cumulant la main d’œuvre la plus importante du pays, voient leur SMIG passer de 36 270 à 45 000 FCFA (68,60 euros).
Dans les autres secteurs d’activité, le SMIG passe à 60 000 FCFA (91,47 euros). Ce montant contente les syndicalistes, qui avaient d’abord exigé 100 000 FCFA, avant de finalement accepter le montant de 60 000 FCFA proposé par le patronat (Gicam et Ecam).
Afin de contraindre le gouvernement à adopter le montant de 60 000 FCFA comme SMIG unique pour tous les travailleurs, les confédérations syndicales regroupées au sein du Cameroon Workers Forum avaient appelé à une mobilisation générale des travailleurs du 15 février au 15 mars 2023, appel qui n’a pas été suivi.
Malgré la victoire remportée sur le SMIG à 60 000 frs, les syndicats relèvent qu’« en faisant état d’un Smig pour les agents de l’État relevant du CT et d’un autre formulé pour le secteur privé, tous pourtant régis par le même Code », le gouvernement camerounais viole l’article 62 al.1 du CT qui dispose qu’« un décret pris après avis de la Commission nationale consultative du travailleur fixe le smig », et non des Smig, comme c’est le cas depuis le 21 mars 2023 au Cameroun.